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Oxyde d’éthylène : rappel des produits contaminés

La réglementation européenne protège le consommateur contre l’utilisation de certains produits chimiques. Mais alors comment des substances jugées néfastes par les autorités scientifiques peuvent-elles quand-même se retrouver dans nos assiettes ?

Pour expliquer cette situation, il existe deux raisons :

  • L’Union européenne importe des matières premières agricoles dans des pays qui utilisent ces produits chimiques,
  • Les analyses réalisées par les autorités sanitaires européennes sur les produits importés ne recherchent pas les substances en question.

Dans ces conditions, qui peut  s’étonner de la présence d’oxyde éthylène (banni en Europe depuis 2011) d’abord dans des glaces (bâtonnets, pots, cônes, crème glacée, sorbet à la coco, citron ou caramel…) puis dans une grande variété de produits depuis septembre 2020 ? En cause le traitement à l’oxyde d’éthylène de graines (sésame, caroube…) dans certains pays comme l’Inde. 

La nouvelle procédure de rappel de produits est alors lancée… Mais les industriels tentent de s’engouffrer dans une brèche législative européenne pour suspendre les retraits et les rappels de marchandises. Il faudra l’intervention de l’ONG FoodWatch pour convaincre la commission européenne que le rappel s’impose.

C’est dans ce contexte que le rapport du sénateur Duplomb est rendu en février 2021. Il préconise notamment le développement “d’outils novateurs pour répondre aux attentes des consommateurs comme des applications mobiles” qui permettraient en scannant le code-barre de n’importe quel produit de savoir s’il fait l’objet d’un rappel.

Notre application Rap’Too s’inscrit dans ce nouveau besoin et va même plus loin : mise en surveillance des produits scannés, partage instantané des fiches d’alerte sur les réseaux sociaux…

L’oxyde d’éthylène, c’est quoi ?

chimiste travaillent sur oxyde d'éthylène

L’oxyde d’éthylène se présente sous la forme d’un gaz incolore présentant la même odeur que l’éther.
Très inflammable, il est soluble dans la plupart des solvants organiques.

L’oxyde d’éthylène, ça sert à quoi ?

machine épandage pesticide oxyde d'éthylène
En Europe, il est interdit d'utiliser de l'oxyde d'éthylène comme pesticide depuis 1991

Découvert en 1859, il est notamment utilisé pendant la Première Guerre mondiale pour fabriquer le gaz moutarde.

Depuis, on a trouvé d’autres rôles à l’oxyde d’éthylène dans le domaine de… l’alimentation. Ainsi, ce produit chimique est employé pour 2 raisons : 

  • en tant que pesticide,
  • en tant que désinfectant.

Cette molécule permet ainsi de lutter contre l’apparition de moisissures et de champignons. Elle est utilisée pour empêcher les moisissures des graines comme le sésame ou le caroube.

Une substance reconnue comme agent cancérogène

ADN modifié par oxyde d'éthylène

L’oxyde d’éthylène est néanmoins loin d’être sans conséquences sur la santé.

La fiche toxicologique n°70 de l’Institut national de Recherche et de Sécurité (INRS) indique parmi plusieurs dangers que l’oxyde d’éthylène “peut provoquer le cancer” et “induire des anomalies génétiques”.

De son côté la DGCCRF préconise de “limiter au maximum l’exposition des consommateurs” en raison d’un risque “pouvant exister sur le long terme en cas de consommation de produits en contenant”.

Pour l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) : “Même de très faibles niveaux d’exposition sont associés à un excès de risque de cancer”.

L’usage de ce produit chimique en tant que pesticide est interdit dans l’Union Européenne depuis 1991. Mais il faudra attendre 20 ans de plus (2011) pour que son utilisation en tant que produit de protection des denrées alimentaires et des aliments pour animaux soit également prohibée.

À noter : l’usage de l’oxyde d’éthylène reste autorisé pour la désinfection du matériel médical.

Oxyde d’éthylène interdit en Europe mais pas dans le monde

Si l’oxyde d’éthylène est totalement interdit en Europe, nous ne devrions pas en retrouver dans les produits que nous consommons.

Oui mais la situation n’est pas si simple ! 

En effet, l’oxyde d’éthylène continue d’être utilisé par des pays (Inde, Vietnam, Chine, Jordanie…) qui exportent en Europe des matières premières agricoles qui entrent dans la composition de produits finis vendus en Europe et donc en France.

Rien d’étonnant alors à retrouver des traces de cette substance dans les assiettes européennes.

De l’oxyde d’éthylène dans nos assiettes

C’est en Belgique, en septembre 2020, que les premières traces d’oxyde d’éthylène font leur apparition sur des produits contenant des graines de sésame. Les teneurs en oxyde d’éthylène dépassent de plus de… 3700 fois le plafond autorisé en Europe ! (186 mg/kg contre 0,05 mg/kg autorisé).

Le Rapid Alert System For Food and Feed (RASFF) relaie l’information à l’ensemble des pays membres qui s’emploient à  retirer ou rappeler de la vente les produits contaminés. Pour connaître la différence entre rappel et retrait de produit, voir notre article.

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais des analyses révèlent la présence d’oxyde d’éthylène dans de plus en plus de produits dont des épaississants dans de nombreux laits infantiles…

Rapidement, on trouve des traces d’oxyde d’éthylène dans différents produits : houmous, pains, huiles, biscuits, sucre, pain nordique, tofu multigraines, burger, biscottes… et les produits bios ne sont pas épargnés !

Été 2021 : rappel des glaces contaminées à l’oxyde d’éthylène

Cet été, un important nombre de crèmes glacées ont été rappelées. En cause, la farine de caroube (contaminée à l’oxyde d’éthylène) et utilisée comme stabilisant pour la confection des glaces.

Et pourtant, à la fin du mois de juin tous les rappels de produits contaminés à l’oxyde d’éthylène ont été suspendus !

La raison ? Certains produits transformés contiennent une faible quantité d’ingrédients pollués. Or, c’est le cas des glaces qui ne contiennent que très peu de E410 (gomme de caroube) contaminé à l’oxyde d’éthylène.

L’Allemagne et la Belgique s’engouffrent dans la brèche et prennent alors la décision de suspendre les rappels de produits en profitant d’un angle mort du droit européen. La crainte de voir d’autres pays de l’Union Européenne suivre leur exemple est bien réel puisque selon FoodWatch, le 28 juin 2021 les autorités françaises auraient annoncé aux fabricants et distributeurs un possible relâchement dans les rappels de produits contaminés.

La commission européenne se range finalement du côté de la santé des consommateurs. À partir du 19 juillet 2021, tous les États membres doivent rappeler tous les produits contaminés.

La présence d’oxyde d’éthylène : l’arbre qui cache la forêt ?

dossiers

L’Union Européenne recense 1.498 substances actives. Mais le rapport du sénateur Duplomb note que la France ne recherche la présence et la concentration que de 568 substances. En définitive, ce sont 930 substances que la France ne surveille pas.

Dans le cas de l’alerte à l’oxyde d’éthylène, les graines de sésame n’avaient subi aucun contrôle concernant cette substance.

Il est d’ailleurs possible que l’oxyde d’éthylène se retrouve dans nos assiettes depuis plusieurs années selon l’ONG FoodWatch.

En réalité et toujours selon le rapport du sénateur Duplomb, l’enquête révèle plusieurs points : 

  • Les analyses sont fréquentes mais pas systématiques,
  • L’Inde n’est pas le seul pays concerné. Les graines de sésame du Burkina Faso, de l’Éthiopie, de Bolivie et du Paraguay seraient également concernées,
  • Les graines de sésame ne sont pas les seuls produits concernés par des teneurs élevées en oxyde d’éthylène : amarante bio, mélanges d’épices indiennes, psyllium bio, échalotes séchées indiennes…

Pour l’heure ce n’est pas moins de 7000 lots de produits qui ont été rappelés… mais la liste pourrait bien s’allonger dans les mois à venir. Quand on cherche, on trouve !

L’alerte de l’oxyde d’éthylène : quels enseignements à tirer ?

Pour le sénateur Laurent  Duplomb, l’alerte de l’oxyde d’éthylène met en lumière l’insuffisance des contrôles réalisés sur les denrées alimentaires importées au sein de l’Union Européenne.

Il préconise d’ailleurs la promotion “d’outils novateurs répondant aux attentes des consommateurs en cas d’alerte, comme des applications mobiles incluant la possibilité de s’assurer de la conformité du produit par simple photographie du code-barres”. 

Notre application Rap’Too répond précisément à ce besoin : scannez les codes-barres de vos produits pour savoir s’ils font l’objet d’un rappel, mettez sous surveillance vos produits pour vous assurez d’un rappel ultérieur et paramétrez l’application pour être uniquement informé des rappels sur les produits que vous avez l’habitude de consommer.

Avec Rap'Too, rendons notre consommation plus sûre !

Oxyde d’éthylène : rappel des produits contaminés