Qu’est-ce que la fraude alimentaire ?
Selon Eurofins, La fraude alimentaire se définit comme « la substitution, l’addition, l’altération ou la présentation inexacte des aliments, des ingrédients alimentaires ou des emballages alimentaires, ou des déclarations fausses ou trompeuses faites à propos d’un produit de manière délibérée et intentionnelle à des fins de gain économique ». Il y a donc fraude alimentaire lorsque les produits alimentaires non authentiques sont introduits dans le marché et qu’ils induisent le consommateur en erreur.
Le réseau d’analyses Eurofins, laboratoire spécialisé dans l’agroalimentaire, la pharmacie, l’environnement et la biologie médicale est aujourd’hui un leader mondial dans son domaine. Ils accompagnent les professionnels de la l’agroalimentaire grâce à leur double compétence : l’analyse d’authenticité et l'évaluation des risques.
La première personne à avoir mis en lumière au 19e siècle ce fléau est Frederick Accum, spécialiste dans le domaine de la chimie. À cette époque, on parlait déjà de l’adultération du vin. Pour autant, c’est en 2013 que la notion de fraude alimentaire devient un réel sujet d’actualité. Souvenez-vous, des analyses avaient prouvé qu’une fraude d’origine européenne faisait passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf. En France, plusieurs millions de consommateurs ont été touchés.
Comment éviter la formation de fraude alimentaire ?
Le risque zéro n’existe pas. Il existe néanmoins certains services mis à disposition du consommateur pour garantir la qualité et la fiabilité des denrées alimentaires. C’est notamment le cas de l’application Raptoo, un des services gratuits dans la gestion des rappels de produits. L’application alerte en cas de rappel et évite ainsi la formation d’effets secondaires dûes aux contaminants présents dans certains produits (intoxication, indigestion, autres complications etc).
En outre, le réseau d’analyses Eurofins, laboratoire spécialisé dans l’agroalimentaire notamment, accompagne les professionnels de l'agroalimentaire grâce à leur double compétence : l’analyse d’authenticité et l'évaluation des risques. De plus, ils accompagnent les industriels et distributeurs à vérifier la fiabilité de leurs matières premières et produits transformés grâce à des analyses dites isotopiques dans des laboratoires. Ces méthodes analytiques sont d’ailleurs en passe d’être normalisées au niveau européen.
Les différents types de fraudes alimentaires
- La francisation : consiste à acheter des denrées à l’étranger à bas prix pour les revendre avec l'appellation “made in France”. Avec l’engouement des consommateurs pour les produits « origine France », la commercialisation de produits français est un enjeu stratégique pour les industriels et les distributeurs. On parle de francisation de divers fruits et légumes, tromperies sur l’origine de champignons, la qualité du miel ou de jus de fruits.
- La dilution : lorsque que le produit final est coupé ou dilué à une autre substance. Il s’agit d’un mélange avec un produit moins cher pour accroître le volume.Cette pratique est également appelée adultération. C’etait notamment le cas lors du scandale du lait contaminé à la mélamine en 2008 qui avait tué 6 nourrissons et rendu malade plus de 300 000 bébés en Chine.
- Tromper : lorsque l’information sur l’étiquette est fausse ou induit en erreur. En ce sens, l’information est déloyale et la confiance des consommateurs n’est plus au rendez-vous. Elle concerne par exemple une mention erronée du poids, l’utilisation injustifiée d’appellations d’origine ou de labels de qualité du bien-être des animaux etc. Sur l’application Raptoo, il arrive d’ailleurs que certains produits soient rappelés pour motif d’étiquette erronée. N’hésitez pas à télécharger l’application pour en être informé !
Il y a quelques jours, suite à la pénurie d’huile de tournesol en France, les autorités ont autorisé les industriels à changer leurs recettes sans modifier leur étiquetage. Le fabricant est toutefois dans l’obligation d’indiquer si il ajoute un ingrédients allergène ou annule une promesse de type “100% bio”.
- Braconner : un produit authentique est fabriqué ou vendu en dehors des conditions autorisées par la réglementation. Par exemple chasser en dehors des périodes de chasse ou dépassant les quotas prévus par la loi. En outre, cette pratique a également un impact sur l’environnement et la biodiversité.
- La contrefaçon : le produit illégal est conçu pour ressembler au produit authentique. Tous les aspects du produit frauduleux et de l’emballage copient ceux du produit authentique. Il s’agit d’aliments contrefaits qui n’offrent pas les garanties normales de sécurité sanitaire ou nutritionnelles. Exemple: vendre un jambon lambda sous l’appellation de jambon de parme. On parle ici d’usurpation de marques connues.
Quels sont les produits les plus sujets à la fraude alimentaire ?
L’huile d’olive
La majorité des bouteilles d’huile d’olive d’Italie sont coupées avec de l’huile de provenance étrangère. Cette huile est ensuite exportée en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
Le miel
D’après plusieurs analyses de laboratoires, près de 300 000 tonnes de faux miel sont écoulées chaque année en France. La plupart vient de Chine, origine qui n’est, dans la plupart du temps, pas mentionnée sur l’étiquette. La Chine est le premier producteur et exportateur mondial de miel. Pour autant, certains n’ont jamais vu l’ombre d’une ruche tant ils sont adultérés chimiquement.
Les tromperies les plus répertoriées sont liées à l’ajout de sirop de sucre, un risque accru avec la disparition progressive des abeilles reconnues aujourd’hui comme espèce menacée.
Concernant le miel provenant de France, les cas de fraude restent plus rares.
Le lait
Le lait fait l’objet de nombreuses fraudes alimentaires. Certains fabricants certifient un lait “écrémé” alors qu’il est demi-écrémé, d’autres garantissent un apport en vitamine D mensonger. La plus grosse fraude est le mouillage de lait qui consiste à ajouter de l’eau dans le lait et de vendre ce mélange comme étant du lait pur.
Le safran
Du fait de son prix élevé, le safran est l’une des épices les plus sujettes à la fraude alimentaire. Certains safran en poudre peuvent être coupés avec du curcuma, de la brique ou de la craie.
Le poisson
Selon l’ONG Food watch, 1 poisson sur 2 est non-conforme. Substitution d’espèces, fausse origine géographique, mensonge sur l’étiquette, soucis d’hygiène ou allergènes non mentionnés, les raisons ne manquent pour qualifier ces tromperies de fraudes.
Les produits “bios”
Toujours selon Food watch, 1 produit bio sur 12 contrôlé ne l’est pas autant qu’il le prétend. L’ONG précise que “Dans les Alpes Maritimes, ce chiffre monte même jusqu’à plus de 30%”. Une manière de consommer qui attire les fraudeurs qui y voient de l’argent facile à faire. Pour autant, ce manque d’authenticité se fait de plus en plus ressentir avec une forte chute des ventes.
Selon une étude européenne de 2017, en Europe, 1 pesticide sur 7 est contrefait. Les fraudes commencent donc dès le processus de fabrication dans les champs. Aujourd’hui, la Commission européenne estime à 30 milliards d'euros les pertes annuelles pour l’industrie mondiale liées à la fraude alimentaire.
Qui contrôle les produits alimentaires ?
Deux types de contrôles permettent de limiter les fraudes alimentaires. D'une part, les auto contrôles menés par le directeur les entreprises elles-mêmes pour s’assurer qu’elles commercialisent des produits qui ne sont pas dangereux pour la santé. Les crises sanitaires des années 1990, notamment celle de la “vache folle”, ont amené les institutions européennes à réformer en profondeur la règlementation de la sécurité sanitaire des aliments. Ainsi, depuis 2005 toutes les entreprises du secteur alimentaire sont soumises à une série d’obligations qui visent à protéger les consommateurs au sein de l’Union européenne. De plus, ces obligations d’autocontrôles ont été précisées dans le cadre de la loi du 30 novembre 2018 appelée Egalim. Ces autocontrôles portent surtout sur le respect de la sécurité, la traçabilité des produits alimentaires et l’information du consommateur.
Les procédures d’autocontrôles varient suivant la dangerosité et les risques encourus de l’aliment. En effet, la réglementation n’a pas la même exigence pour de la viande fraîche qu’un sachet de thé.
En outre, les entreprises sont tenues de mettre en place un système de traçabilité des produits qui permet d'identifier rapidement l’origine des contaminants en cas de crise sanitaire à l’aide d’un système d'étiquetage.
Malheureusement, il y a manque de contrôle de ses autocontrôles. L’autorité chargée de la qualité des denrées alimentaires n'analyse pas suffisamment les aliments dans les laboratoires du secteur agroalimentaire. Conséquence, de nombreuses failles sont observées créant ainsi la formation d'escrocs. Selon l’ONG Food watch, les méthodes mises en place pour garantir la qualité des denrées ne sont pas suffisantes. Le risque de contamination en France est encore trop élevé malgré les sanctions de la DGCCRF.
D'autre part, les contrôles inopinés menés par les agents de la répression des fraudes (DGCCRF), la Direction générale de l’alimentation (DGAL), et la brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP). La DGCCRF a trois missions principales :
- La régulation des marchés sous l’angle concurrentiel, c'est-à-dire faire respecter la politique de concurrence;
- La protection économique des consommateurs;
- La sécurité des consommateurs qui consiste à garantir la sécurité physique et la santé du consommateur.
Cette administration a le pouvoir de mener des enquêtes et de pénétrer dans les locaux des professionnels.
En cas d’infractions aux règles relatives à la sécurité sanitaire des aliments, les entreprises s’exposent à des sanctions. Pour autant, chaque État membre a des sanctions différentes en cas de violation des règles. En France, les infractions aux règles d'hygiène sont principalement de l’ordre conventionnel ou délictuel.
« Il faut savoir que la fraude alimentaire, si les industriels la constatent par des autocontrôles, ou sont au courant, ou ont relevé ça sur leur chaîne d’approvisionnement, eh bien, ils n’ont aucune obligation de faire remonter l’information aux autorités, et ça c’est un vrai problème. »
Ingrid Kragl, directrice de l’information à Foodwatch
Qui fraude les aliments ?
Si les types de fraudes sont très variées, le profil des fraudeurs l’est tout autant. Ingénieux, les fraudeurs le sont toujours pour gagner un maximum d’argent en dénichant les bons plans.
Les divers maillons de la chaîne alimentaire (producteurs, marchands, taverniers…) ont toujours cherché à modifier l’apparence des denrées qu’ils vendaient, leur poids, leur volume, leur goût, leur odeur, dans le seul but d’accroître leurs gains. Trafiquants, grossistes, distributeurs, producteurs, acteurs de l’agro-industrie, chacun d’entre eux peut être autant victime que coupable de la fraude. Un documentaire sur France 5 avait récemment révélé que la mafia et le crime organisé s’adonnent également à la fraude. Trafics d’alcool, faux pesticides et contaminants ou encore aliments contrefaits, les méthodes trompeuses qui ne manquent pas.